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MAGAZINE DIGITAL DEDIE AUX PROFESSIONELS DES METIERS DU BIEN-ÊTRE INTERACTIF ET DYNAMIQUE
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Récit d’un voyage au Ladakh : A la recherche du calme mental

par | Jan 28, 2020 | 0 commentaires

A LA RECHERCHE DU CALME MENTAL AU PETIT TIBET

1er jour – 4h30 du matin. Je referme la porte de ma maison endormie et je me retrouve face à l’immensité de la nuit et d’un magnifique ciel étoilé. Le regard de mon chien qui ne comprend pas ce qu’il se passe met en lumière mon état : je suis partagée entre l’excitation, la joie de partir et l’appréhension de ce que je vais vivre dans ces prochains jours…

L’Himalaya… je pars sur le toit du monde ! Je n’en reviens toujours pas ! Comment ce voyage a-t-il pu venir à moi ? Huit personnes vont m’accompagner au Ladakh pour découvrir le calme mental et les bols chantants. C’est une aventure incroyable qui a commencé il y a 18 mois quand Olivier Adam m’a demandé en « ami » sur les réseaux sociaux. Il s’agit du photographe officiel du Dalaï-Lama et de Mathieu Ricard ! Nos échanges qui en ont suivis m’ont permis de prendre davantage confiance en moi et de m’autoriser à aller vers les personnes qui détiennent les clés, les réponses à mes questions… Et quand Omalaya Travel m’a invitée à venir sur place, en Inde, afin de rencontrer directement les personnes auprès de qui je pouvais mener mon enquête, ma joie et mon enthousiasme étaient à leur comble !

J’allais enfin me rapprocher de l’histoire des bols tibétains et sortir des clichés qui m’encombraient depuis longtemps en observant la pratique authentique des moines bouddhistes et des laïcs autour des bols chantants. Nous allons vivre 15 jours au « Petit Tibet », dans le nord de l’Inde, et peut-être, allons-nous nous rapprocher un peu de l’indicible et de l’invisible ?

Je m’interroge dans la voiture qui me mène à l’aéroport de Marseille : qu’est-ce que je vais réellement chercher si loin, outre la connaissance et la pratique de la méditation ? Est-ce que les bols étaient un prétexte inconscient pour prendre du temps de reconnexion avec moi-même ?

Je regarde à nouveau le ciel noir et scintillant et j’observe,comme chaque jour, ces deux étoiles plus grosses et plus lumineuses que les autres.

J’ai décidé il y a bien longtemps que l’âme de mon père et celle de mon grand-père y avaient trouvé refuge pour me protéger et me guider de là-haut par cette lumière bienveillante et rassurante. Alors ce matin, je pars en paix et sereine vers de nouvelles expériences et le mystère mystique de la magie tibétaine.

J’expire mes peurs et mes angoisses d’aller vers l’inconnu …

J’inspire le bonheur et de la joie de la concrétisation de ce projet que je prépare depuis plusieurs mois …

2ème jour – Nous commençons ce voyage par le tourbillon sonore et visuel de Delhi, ville aux mille contrastes ! Je suis tout d’abord éblouie par la bonté des Sikhs[1] qui offrent à manger à toutes les personnes qui le souhaitent au temple Gurudwrara Bangla.

Les chants, les sons des instruments, les lumières et les couleurs dans les turbans et les saris me font basculer dans un nouveau monde ! Le symbole

OM nous accompagne partout dans toutes nos promenades : sur les pare brises des voitures, les fresques murales, la décoration des temples…

Nous sommes également confrontés à la misère humaine : nous croisons des femmes et des enfants qui dorment par terre dans les ronds-points, des personnes lourdement handicapées, un homme qui se bat contre un démon que lui seul voit, un hermaphrodite qui demande l’aumône dans les bouchons ou encore des vendeurs de pop-corn ou de tranches de noix de coco au feu rouge. La patience accompagne notre chauffeur dans ce tumulte alors que nos yeux ont du mal à tout voir dans ce chaos routier, surtout à Chandni Chowk, le marché du Vieux Delhi que nous traversons en rickshaw [2]! Nous nous imprégnons des odeurs d’encens, d’épices mais aussi des gaz d’échappement, des sons des klaxons et des chants, et surtout des émotions ! La peur, l’étonnement et la surprise font voyager nos cœurs comme si nous étions sur de vraies montagnes russes !

J’expire mon trop plein d’adrénaline et je me calme…

J’inspire les couleurs et l’ambiance de Delhi…

3ème jour – Nous atterrissons à Leh, ville du haut désert de l’Himalaya et la capitale de la région du Ladakh, dans l’État du Jammu-et-Cachemire, au nord de l’Inde, située à 3600m d’altitude !

Nous avons surplombé l’Himalaya, une merveille de lumière blanche dans laquelle nous sommes tentés de glisser notre doigt comme dans de la chantilly ! Nous ressentons immédiatement de l’apaisement qui durera même à l’aéroport quand il a fallu gérer la valise d’une amie restée à Delhi, qu’elle ne récupérera que trois jours plus tard ! Nous faisons connaissance avec Sonam, notre guide tibétaine douce et lumineuse, qui nous installe dans notre guest-house. Ce lieu est empreint de calme aux reflets de la culture bouddhiste que nous retrouvons partout : dans les tableaux et les photos accrochées dans le hall d’entrée, les couloirs, la salle du restaurant, mais aussi dans les tissus du mobilier et les peintures orange, rouge et bleu qui ornent les bas-plafonds.

A l’arrivée dans ma chambre où je ne trouve pas d’eau chaude, je suis submergée par l’émotion, réalisant qu’enfin je m’installe pour quelques jours sur le toit du monde, au plus près du soleil, de la lune, des étoiles…

Je comprends aussi que notre corps est rapidement mis à rude épreuve avec une chute de notre saturation artérielle en oxygène, appelée le « mal des montagnes ». La nuit a été très difficile pour une amie qui a été veillée chaleureusement par le patron de l’hôtel. Je suis très touchée par tant de gentillesse et de bienveillance. Pour ma part, je n’ai souffert que d’une lourde migraine accentuée par les aboiements des chiens ! Le climat nous oblige à ralentir : c’est une bonne introduction au sujet de mon premier atelier du matin sur le calme mental !

Lors d’une promenade l’après-midi autour du palais de Leh, nous construisons sur les flancs de la colline un « Do », ou Cairn de chez nous,

qui symbolisera la bienveillance des personnes qui nous accompagnent dans ce voyage.

Je rencontre les premiers bols tibétains dans la boutique dont le patron a eu la gentillesse de nous en prêter pour les ateliers du matin: j’en découvre un surprenant sur lequel OM MANI PADME HUM est gravé à l’extérieur en tibétain. Il est splendide et repartira avec moi, évidemment! Nous travaillons le soir la déconnexion avec nos proches et le monde car nous avons peu de WIFI. Le groupe fait tranquillement connaissance et nous partageons notre première méditation pour nous concentrer sur notre souffle et notre corps.

J’expire la fatigue … le trop plein d’émotions…

J’inspire le calme et j’observe le ralentissement de mon corps…

4ème jour – Les indiens m’appellent « Mam » pour Madame, et le groupe m’a alors rebaptisée « Mum » car il parait que je les materne beaucoup ! Cela me fait sourire et me touche beaucoup!

Après avoir déposé Sylvie à l’hôpital car sa saturation ne s’améliorait pas, nous avons la chance d’aller visiter la résidence d’été du Dalaï-Lama. Nous avons fait le tour des stupas (monuments bouddhistes en forme de dôme qui peut contenir des reliques de Bouddha et des mantras). Le mantra qu’Amma m’a offert l’automne dernier m’accompagne tout le long alors que je fais tourner les moulins à prières. J’ai l’impression que tout prend sens et est à sa juste place. Nous sommes remplis d’émotions et d’humilité en découvrant les espaces d’enseignement et de prières du Dalai-Lama.

Puis nous sommes accueillis dans la famille de Karma, notre chauffeur. Il nous propose du thé que nous avons dans nos placards en France. Je fais la grimace car je souhaitais goûter le thé au beurre de yak et la tsampa, farine d’orge grillée, mais les tibétains ne proposent pas aux touristes car ils ont peur qu’ils n’aiment pas ! Karma se fait une joie de nous en préparer et nous de le savourer ! Le goût est surprenant mais pas désagréable, un peu comme du lait de chèvre salé ! Je suis heureuse de goûter ces saveurs que j’avais imaginées dans les documentaires à la télévision ! Les enfants de Karma et son épouse sont très timides et très accueillants ! Ils nous font visiter leur maison : les conditions de vie sont rudimentaires et ils les acceptent avec le sourire ! Notre regard d’occidentaux nous fait croire qu’ils n’ont rien, mais leur cœur et leur joie de vivre nous fait comprendre qu’ils ont bien plus que nous !

Ce soir, le groupe découvre le plaisir de chanter le Gayatri mantra qui relie notre sensibilité à la Source de la lumière !

J’expire encore la fatigue : je dois être en pleine forme pour animer les ateliers quotidiens !

J’inspire le sourire de la petite fille de Karma à qui j’ai offert mon bonnet rose … les saveurs tibétaines et les vibrations des mantras…

6ème jour : es nuits sont meilleures, mais tout est difficile : se lever, s’habiller. Je m’essouffle vite, je sens mon cœur s’accélérer et ma tête cogner si je ne ralentis pas et si je ne suis pas à l’écoute du message de la montagne… Les ateliers commencent à rythmer notre séjour : chaque matin nous découvrons une nouvelle pratique avec les bols chantants (énergétique, vibratoire, sonore, etc..).

Aujourd’hui, nous nous rendons à Thiksey, réplique du Potala qui se trouve à Lhassa au Tibet. Comme nous sommes le 15ème jour du nouveau calendrier tibétain, il s’agit d’un jour de fête très important, Chotrul Duchen, qui célèbre la naissance de Bouddha mais aussi les miracles qu’il a accomplis. Nous sommes accompagnés par de nombreux pèlerins tibétains qui viennent en famille. Je suis touchée par ces mamans qui apprennent à leurs enfants en bas-âge à se prosterner ! Nous avons la chance d’assister à la prière des moines qui la font habituellement à huis clos. Je découvre la statue du Bouddha Meitraya, Bouddha du futur, du haut de ses 12 mètres de haut qui nous regarde impassiblement. Son 3ème œil représente la sagesse et la compassion. J’essaie de m’en imprégner le plus possible pour pouvoir le visualiser lors de mes prochaines méditations.

Nous nous rendons ensuite au festival de Matho, qui se déroule dans le monastère du même nom, en haut d’une colline. Nous sommes impressionnés et un peu effrayé par la foule et le manque de sécurité ! Un vieux monsieur en train de réciter ses mantras m’observe : je suis coincée dans un escalier, bloquée par la foule qui monte et descend. Il me sourit et m’invite à chanter avec lui le « Om mani padme om ». Je l’accompagne, et je me sens alors en communion avec lui : ma peur s’en va et je me ressaisis pour me frayer un chemin jusqu’à l’air libre !

Le soir, nous sommes heureux de rejoindre Sylvie qui a quitté l’hôpital. Notre guide est restée avec elle toute la nuit grâce à notre chauffeur qui leur a apporté à manger et des matelas ! Je n’arrête pas de comparer la situation : est-ce qu’en France nous aurions été entourés par tant de compassion et d’attention ? Nous méditons sur la flamme d’une bougie afin de purifier notre mental.

J’expire mes peurs du jour que j’ai transformées…

J’inspire … Om mani padme om … la lumière …

la sagesse et la compassion…

7ème jour – Aujourd’hui, nous partons en 4×4 visiter l’oasis Alchi. Nous prenons la route et nous nous arrêtons devant une vue époustouflante : nous sommes en haut de la montagne et regardons en bas le fleuve Zanskar qui se jette dans l’Indus. Je me remémore Nicolas Hulot [1] et Marianne Chaud [2] qui ont descendu à pied le Zanskar alors qu’il était gelé…

C’est le seul passage en hiver quand les routes sont enneigées pour rejoindre la région du Zanskar et celle du Ladakh. Je suis émerveillée et impressionnée. Aurais-je le courage de le faire ?

Nous sommes accueillis par un lama qui nous fait visiter le temple de Sumtsek où nous retrouvons les Bouddhas Maitraya, Manjushri et Avalokiteshvara. Le lama nous offre la possibilité d’allumer ensemble une lampe à huile, moment très fort pour le groupe, avant de nous offrir de l’huile d’abricot pour hydrater nos mains et notre visage qui souffraient du froid ! Ensuite, nous expérimentons une marche méditative au son de mantras chantés par les lamas au loin dans le village, moment où le temps est suspendu …

Le wifi ne fonctionne toujours pas ce soir… J’entends enfin le message du Ladakh qui me demande de me déconnecter !

Je sens que je m’allège de jour en jour : je donne mes vêtements aux enfants qui sont dans le besoin, je laisse mes magazines qui devaient combler le vide des soirées à l’hôtel dans le hall sans les avoir lus et j’arrête d’accumuler les savonnettes des hôtels par peur de manquer !

Nous méditons avec les pierres que nous avons récoltées dans la montagne ce matin.

J’expire mes peurs du vide et de manquer…

J’inspire la beauté des paysages admirés aujourd’hui …

la joie de revenir à l’essentiel … la gratitude …

8ème jour – Nous nous levons très tôt ce matin pour rejoindre l’aéroport mais la neige tombe… Après une aventure périlleuse (la glace sur le perron marbré de l’hôtel, la mise des chaines sur les voitures, la fermeture de l’aéroport…), nous revoilà de retour dans nos chambres où nous sommes confinés pour la journée ! Personne ne semble contrarié de la situation et je m’étonne de ce lâcher-prise collectif, de cette acception de la situation.

Nous profitons de cette parenthèse dans le programme, sous cette douce lumière calfeutrée, pour nous reposer, nous reconnecter avec nous-mêmes et pour savourer un temps de coloriage méditatif de mandalas.

Ce soir, après avoir fait une méditation sur la gestion des émotions, j’arrive à échanger avec mon amoureux et nos messages sont très émouvants. Ma famille me manque fort !

J’expire mon spleen et l’envie d’être auprès des miens…

J’inspire le lâcher-prise, les rires, le repos, l’amour …

9ème jour – Ce matin je sors très tôt pour profiter de la vue splendide des montagnes enneigées et apprécier le calme du matin. Le personnel était pourtant déjà en train de déblayer la neige de la cour et des toits !

Alors que nous sommes partis faire nos derniers achats souvenirs, je m’arrête devant une porte qui m’intrigue : une grande cour était cachée derrière ainsi qu’un très joli temple au triple toit doré à la chinoise d’où nous entendons des chants. Il s’agit du Chokhang Vihara Temple où nous découvrons de nombreux tibétains venus prier : ils nous invitent à les rejoindre en nous offrant un coussin et du riz cuit au beurre sucrée avec des fruits secs pour nous souhaiter prospérité. Nous suivons Sonam pour faire une kora autour du temple et tourner les moulins à prières. Nous sommes émus par ce moment de grâce inattendu…

Nous nous rendons ensuite au Shanti Stupa enneigé qui symbolise la Paix dans le monde : le lieu domine la ville et les montagnes. L’air est frais, le soleil nous accompagne et la neige réanime nos enfants intérieurs ! Nous faisons un mandala humain en nous couchant dans la neige puis laissons nos empreintes dans cette neige himalayenne comme pour ne jamais oublier que nous avons touché de près cette montagne sacrée. Je m’isole ensuite pour profiter de la vue et l’incruster dans ma mémoire. Je ressens alors fort la présence de mon père, j’entends le son de sa voix qui m’appelle par mon surnom de petite fille… Je suis très émue dans ce décor lumineux qui semble me rapprocher de ma quête. Pourtant les bols chantants sont peu présents finalement dans nos rencontres, en dehors des boutiques. Tout semble confirmer ce que Matthieu Ricard, Nathalie Fuchs [5] et Lama Samten [6] m’avaient confié avant mon départ : les bols chantants ne font pas partis du paysage tibétain, ni bouddhiste…

Ce soir, le groupe se livre sur son ressenti à mi-parcours du voyage : nous sommes tous touchés par les messages de tolérance, de non-jugement, de gratitude et de respect que nous partageons ensemble !

J’expire ma tristesse de ne plus jamais revoir mon père…

J’inspire la joie de m’être amusée dans la neige …

la chaleur de l’accueil que nous avons reçu au temple…

le partage…

10ème jour

Ça y est, nous quittons difficilement Leh car le pare-brise de la voiture est glacé dehors mais aussi dedans ! Karma doit conduire la fenêtre ouverte, la tête dehors !! L’aéroport Kushok Bakula Rimpoche est enfin ouvert mais aussi ultrasécurisé du fait des événements qui se déroulent depuis la veille entre le Pakistan et l’Inde et qui nous inquiètent un peu.

Nous arrivons à Jammu pour rejoindre Daramshala par la route : nous mettons 6 heures pour parcourir 180km, la route étant ralentie par la présence des vaches, des singes, des chiens, des chèvres, des tracteurs, des vélos et scooters à contre-sens, des éboulements et des trous ! Notre cœur était bien accroché à notre ceinture et nous nous surprenons à faire quelques prières pour que le trajet se termine sans encombre!

Nous découvrons avec curiosité la ville de Daramshala qui est perchée sur une crête à 2082 m d’altitude et qui est aussi parfois connue sous le nom de « Petit Lhassa ».

Nous sommes accueillis par le merveilleux sourire de nos nouveaux hôtes ainsi qu’avec un Gingembre/lemon/honey/thé accompagné de momos [7] dont nous n’arrivons plus à nous passer! !

Nous sommes prêts pour la méditation du soir et le chant de mantra de la compassion !

J’expire mes peurs de la route du jour…

J’inspire la joie d’être en vie ce soir … le plaisir de découvrir Daramshala …

11ème jour

Après nous être installés dans une très jolie Guest-house à McLeod Ganj (quartier de Daramshala), nous nous rendons au Dalaï-Lama Temple Complex, composé de la résidence du Dalaï- Lama (Tsug La Khang), d’un monastère (Namgyal Monastery), de plusieurs temples et d’un musée. Nous arrivons après deux jours d’enseignements que nous avons ratés du fait de la neige à Leh… Cependant un magnifique accueil nous attend : tous les moines des environs sont présents pour souhaiter une longue vie à leur chef spirituel. Nous sommes invités à nous asseoir au milieu d’eux et de leurs mantras…

Puis nous visitons le temple : Sonam nous apprend à nous prosterner devant AVALOKITESHVARA, le Boddisatva revenu pour soulager notre monde de la souffrance. Lorsque ma tête touche le sol, je sens une vague d’émotion m’envahir…

Puis nous faisons la petite kora autour du temple : les moines viennent d’arrêter leurs prières, c’est l’effervescence, et nous sommes invités à déjeuner avec eux ! Ils nous offrent du riz, du dhal [8] et des légumes.

Il y a tant à voir autour de nous. Outre le sublime décor où je retrouve des images du film « Kalashakra – l’Eveil », les doux regards bienveillants des moines, leurs sourires, leur sagesse et leur espièglerie ! Quelle surprise de les voir pendant le repas sortir leur portable et regarder les réseaux sociaux ! Nous faisons ensuite la grande Kora, un vrai chemin de croix en marche consciente autour du centre : nous rencontrons des singes, nous faisons tourner les moulins à prière en chantant OM MANI PADME HUM, nous rencontrons des personnes infirmes, un chien mourant que deux de mes amies tentent de soulager par magnétisme… Il semble heureux qu’elles s’occupent de lui, il arrive à se lever et remue la queue avant de partir … Nous rejoignons les moines après avoir essuyé nos larmes… Nous partageons un long moment de méditation en présence de leur doux murmure vibratoire qui nous redonne de l’énergie et du baume au cœur.

J’expire les images douloureuses vécues aujourd’hui…

J’inspire les mantras du jour… les sourires chaleureux des moines…

la lumière des lampes à huile… la compassion…

13ème jour

Retour à Delhi. Après la visite du Lotus Temple, lieu de méditation moderne ouvert pour tous, sans distinction, nous décidons d’aller pique-niquer dans LODI GARDEN. Les chiens de Delhi nous rejoignent non pas pour réclamer de la nourriture comme nous le pensions mais, chose beaucoup plus surprenante, pour avoir des câlins ! Ce moment fut très étonnant, au point que plusieurs indiens nous filment et demandent à être pris en photo avec les chiens qu’ils n’osent pas approcher! Nous touchons une dernière fois la terre indienne et réalisons que si cette herbe ne pousse pas en France, c’est le même soleil qui l’éclaire !

Le retour en France met à l’épreuve notre patience et notre façon de gérer l’imprévu : les vols sont soit annulés, soit retardés. Les militaires filtrent l’aéroport, sécurisent les portes d’entrée de manière peu sympathique… Nous patientons en buvant notre dernier lassi à la banane… Je me remémore ma séparation avec Sonam devant l’hôtel : nous n’arrivions pas à nous lâcher les mains… Ses petits doigts tous frêles comme sa personne, pourtant si forte après avoir traversé des expériences de vie si rudes et traumatisantes : la séparation d’avec ses parents à l’âge de six ans, la fuite avec sa sœur au travers de l’Himalaya, la vie en collectivité au Tibetain Village children (TCV) que nous avons visité, le parrainage par des français qui souhaitent l’adopter aujourd’hui, à 32 ans… Est-ce propre à Sonam ou à la sagesse de son peuple de pouvoir ainsi illustrer le principe de résilience ?

Je suis très triste de la quitter et souhaite revoir un jour son doux sourire radieux ! Elle a été plus qu’un guide pour nous tous. Elle a su nous montrer le chemin du Ladakh, celui de sa culture, mais aussi celui du cœur. Nous avons chanté hier soir le mantra Om gam ganapate namaha, qui est un mantra d’harmonisation aux énergies d’abondance et de réussite. Il est chanté au début d’une nouvelle aventure afin d’enrayer tout obstacle visible ou invisible sur notre route. Il me semblait approprié pour nous dire Au Revoir !

J’expire la nostalgie déjà présente de quitter l’Inde…

J’inspire les sourires… la joie de vivre… la lumière des cœurs…

GRATITUDE

Ce voyage a été une merveilleuse aventure professionnelle, culturelle, personnelle et humaine. Je rentre le cœur rempli d’amour et de compassion. Cette aventure et la présence de mes compagnons de route resteront dans mon cœur à jamais. Leurs visages, leurs sourires, leur gentillesse, leur patience, nos fou-rires, nos peurs, nos joies et nos larmes resteront gravés dans ma mémoire.

Merci du fond du cœur à Brigitte, ma complice « paramitienne », à Evelyne notre artiste-peintre guérisseuse, à notre joyeuse et pétillante Isabelle, à ma lumineuse amie Marie-Grâce, à Michel notre poète baroudeur, à nos inséparables amoureux Noël et Corine, et à notre photographe officielle Sylvie.

Merci à tous pour votre confiance et votre bienveillante présence.

Merci également à l’équipe d’Omalaya pour son accompagnement tout au long de périple et particulièrement à Sonam pour tout ce qu’elle a pu partager avec nous.

Nous avons traversé des montagnes pour trouver le calme mental… Nous avons touché l’Himalaya qui nous a forcés à ralentir, à être dans le moment présent, en pleine conscience, et nous nous sommes délestés de quelques bagages un peu trop lourds parfois…

Les bols chantants n’ont été qu’un prétexte pour nous rapprocher de ce peuple merveilleux que sont les tibétains. Si leurs vibrations sonores me touchent au plus profond de mon être, elles n’égalent en rien ce que j’ai pu ressentir auprès des Tibétains rencontrés tout au long du chemin.

A mon retour, je croise une amie qui me demande : « As-tu trouvé ce que tu cherchais dans ce voyage ? ». Que pouvais-je lui répondre en une phrase… Oui nous avons trouvé le calme mental, mais surtout, nous avons ressenti l’ouverture du cœur…

Je me rappelle alors cette courte méditation proposée par Sa Sainteté le Dalaï- Lama : « Lorsque tu inspires, aime-toi, lorsque tu expires, aime tous les êtres vivants ». Alors oui, j’ai trouvé ce que je cherchais : ne plus jamais oublier de respirer ainsi !

💜 JULLAY 🕉 TASHI DELEK💜

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